Marie-Louise Banyols – Jim Budd – David Cobbold – Hervé Lalau- Marc Vanhellemont
LE 22/06/2018
Disponible sur : https://les5duvin.wordpress.com/2018/06/22/curieux-chenin-que-celui-la/
Un soir à Blois, une dégustation de Chenin (quel bonheur !) organisée durant notre participation à Val de Loire Millésime. Il y a là de tout, des bien connus comme Patrick Baudouin ou Claude Papin. Mais ce genre de soirée permet aussi de découvrir des appellations moins connues comme Touraine Azay-Le-Rideau qui, en blanc, ne fait que du Chenin et pas du Sauvignon industriel. Ou des Chenin hors des chemins habituels (il fallait que je le place celui-là) donc des Chenin hors du commun.
Voici
un Chenin surprenant (beaucoup de Chenin dans cette intro, quand on aime on ne
compte pas) qui dès qu’on le verse dans le verre, on demande au vigneron, c’est
normal la couleur ? Et elle n’est pas seulement due au millésime.
La Galopinière 2003 Anjou Domaine de la Grézille
Le bronze de la robe intrigue, le nez comprend rapidement pourquoi. Il s’agit là d’un Chenin de voile, enfin sous voile, révélé par les notes iodées aux modulations de miel et de caramel, d’algues marinées, de fenugrec, de citron confit qui s’accentuent à chaque respiration par le léger volatile inhérente à ce genre de vin.
La bouche apprécie beaucoup l’impression sucrée salée du caramel piqueté d’éclats de cédrat confit qui apportent une amertume délicieuse. La texture onctueuse apporte un confort buccal incroyable rafraichi de traits d’agrumes et de marmelade de rhubarbe.
La longueur se teinte de curry, de Corinthe, de fève de Tonka, de poivre cubèbe, un dernier feu d’artifice aromatique avant de l’avaler et d’en reprendre une gorgée pour retrouver avec bonheur ce staccato organoleptique.
Il aurait pu faire
impression au salon de
Marilou, dont elle nous parlait hier !
Mais c’est quoi ce Chenin ?
C’est une démonstration des nombreuses possibilités de vinification qu’offre cet incontournable cépage ligérien.
Chenin à 100% vendangé tardivement et trié, il macère 24 h avant pressurage. Jusque-là rien de vraiment particulier… Mais l’élevage interpelle, il passe 11 années sur lies en fût de chêne sans sulfite (normal sous voile). Puis, après ce long isolement, il est mis en bouteille non filtré, non collé et sans sulfite (l’O2, il connaît).
Il lui reste moins de 3 grammes de sucres résiduels, juste assez pour ne pas vraiment le goûter, mais pour donner à la texture cette agréable onctuosité.
Quant au degré alcoolique, il titre 16°, c’est une vendange tardive qui a mangé presque tous ses sucres.
Les Chenins poussent dans un sol calcaire sur marnes à ostracées
(à coquilles d’huître) déposées sur un sous-sol de tuffeau.
Le domaine
C’est en 1996 qu’Anne et Bruno Paillocher ont repris ce petit domaine situé à Ambillou-Château, dans le Maine-et-Loire. Le vignoble de 20 ha couvre les terres du Château de la Grézille. Il est cultivé dans le respect des équilibres naturels (dixit Bruno). La vinification s’effectue sans adjonction de ferments extérieurs et est suivie d’un élevage sur lies et pour de nombreuses cuvées, d’un élevage long en fût de chêne.
Les vins produits sont l’Anjou Blanc (cépage Chenin), l’Anjou rouge et le Cabernet d’Anjou (cépage Cabernet), le Rosé de Loire (cépage Grolleau et Cabernet), le Coteaux du Layon (cépage Chenin), le Saumur Brut (cépage Chenin).
Un jour, sur ce site, j’avais écrit « Le Chenin est-il vraiment un grand cépage ? » ; ce qui précède apporte un début de réponse…
Marc Vanhellemont, alias Marco